La Remontada!

Article du 14 décembre 2024 au 21 décembre 2024

Coup de mou

Cette semaine n’a pas été parmi les meilleures depuis notre départ.
Nous sommes arrivés à Franz Josef Glacier dans l’objectif de voir son glacier, la meilleure vue n’étant accessible que par une randonnée. Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé comme prévu, et nous avons subi les caprices du climat de la région.

En arrivant, nous ne voyions même pas les montagnes qui nous entouraient car les nuages étaient tellement bas qu’ils nous enveloppaient.
En consultant la météo, nous avons réalisé que les prochains jours ne seraient pas meilleurs, voire pires. De fortes pluies étaient annoncées, avec des précipitations atteignant jusqu’à 40 mm par heure et environ 200 mm en 24 heures.

Nous avions réservé un refuge pour le dimanche soir, mais nous avons reçu un e-mail du Département de la conservation nous informant que nous devrions être prêts à trouver une autre solution, car le chemin d’accès serait fermé la veille et peut-être plus longtemps en raison des intempéries. Face à ces informations, nous avons pris à contrecœur la décision la plus raisonnable : reporter notre nuit au refuge à une date ultérieure et rester ici jusqu’à ce que le temps s’améliore.

Nous passons donc six nuits sur une aire à attendre. Cela nous rappelle un peu le mont Taranaki, sauf qu’ici, nous devons payer pour rester, il n’y a ni toilettes ni douches à disposition, et il y a une quantité impressionnante de sandflies : des moucherons omniprésents dans la région, à mi-chemin entre le moustique et la mouche, dont les morsures provoquent des démangeaisons incessantes. Ces insectes nous empêchent de passer du temps à l’extérieur ou même d’ouvrir les fenêtres pour laisser entrer un peu d’air. Nous nous sentons piégés, et le moral décline de jour en jour.

Une porte mal fermée lors d’une forte pluie nous fait craindre une nouvelle fuite dans Gandalf. Les bips quasi quotidiens de la seconde batterie nous obligent à rouler sans but, juste pour la recharger et avoir assez d’électricité pour alimenter le frigo.
Une nuit, nous sommes réveillés par le tonnerre qui éclate et résonne dans les montagnes à quelques kilomètres, faisant trembler le sol, tandis que les éclairs illuminent le ciel tout entier.

Nous rêvons d’une douche. Cela fait maintenant dix jours que nous passons sans shampoing ni savon. Nous nous contentons de toilettes de chat avec des lingettes, mais rien ne remplace une vraie douche.

Clem commence à mal dormir, ressent un manque social et s’inquiète pour la revente du van, une échéance qui approche rapidement. Mav, quant à elle, est impatiente de quitter cette région chère et peu accueillante pour les backpackers et campeurs.

Nous ressassons aussi nos dernières activités, qui nous ont coûté assez cher. Par exemple, le bateau-taxi pour randonner une partie du Queen Charlotte Track, qui ne nous a pas convaincus, ou encore les deux heures de kayak dans le parc national d’Abel Tasman, qui nous ont déçus. Certes, nous avons vu des phoques, mais cela nous a dérangés de payer pour cela alors qu’on peut les observer gratuitement et facilement ailleurs en Nouvelle-Zélande.

C’est sûrement ici que réside la différence entre vacances et voyage : il n’est pas toujours évident de se détendre et de ne pas se projeter dans l’avenir pour vivre le moment présent. Comme nous vous l’avions dit, ce n’est pas l’une de nos semaines les plus glorieuses.

Enfin !

Franz Joseph Glacier

Contre toute attente, un matin, nous nous réveillons sous un ciel ensoleillé.
Nous en profitons pour marcher une quinzaine de minutes afin d’admirer le glacier depuis le bas. Malheureusement, nous n’étions pas préparés pour ce beau temps inattendu et n’avons pas pu réaliser la randonnée tant attendue. Il était déjà plus de 8 heures, et il est recommandé de partir au plus tôt pour éviter les nuages qui commencent à se former autour de midi en raison de l’évaporation de l’eau du glacier.

Panorama 360° à 1000 mètres

Après toutes ces péripéties, le jour tant attendu est enfin arrivé : une période de beau temps est annoncée pour au moins trois jours consécutifs. Aujourd’hui, nous grimpons donc le mont Alex Knob.
Le réveil à 6 heures est difficile, surtout pour Clem. Nous avons mal dormi et aurions aimé rester au lit.

À 7h20, nous sommes surpris de découvrir que le parking du point de départ est déjà bien rempli. La randonnée s’avère agréable : la pente est régulière, sans marches, et le terrain est confortable.
Après avoir pris un peu de hauteur, le sentier s’ouvre sur la vallée pendant environ un kilomètre. Là, nous nous trouvons sous la trajectoire des hélicoptères qui transportent des touristes au-dessus du glacier, où il est même possible de marcher. Ce ballet aérien nous rappelle Hawaï, où il était rare de profiter de la nature sans entendre le bruit des hélicoptères. Le vacarme des pales n’est pas des plus plaisants, mais nous retrouvons rapidement la quiétude de la forêt.

Nous nous arrêtons aux différents points de vue tout au long du chemin, et au bout de 2h40 de marche, nous atteignons le sommet, à 1300 mètres d’altitude.
Là, nous profitons d’un panorama exceptionnel : le glacier s’étend devant nous, tandis que la mer de Tasman s’étire à l’arrière-plan. Aucun nuage à l’horizon, et seul un couple de coureurs partage le sommet avec nous. Nous sommes subjugués par la beauté du paysage et restons près d’une heure à contempler cette vue incroyable.

Après la descente, nous arrivons à la voiture en début d’après-midi, complètement épuisés. Sur le chemin du retour, nous avons eu un coup de barre, et nous nous sommes rendus compte que la randonnée que nous venions de faire était en réalité assez difficile, avec ses 19 km et ses 1100 mètres de dénivelé positif. Le Tongariro Alpine Crossing ne nous avait pas paru si difficile que ça.

Fox Glacier

Le lendemain, nous quittons finalement Franz Josef Glacier pour découvrir son voisin, Fox Glacier, et nous préférons immédiatement l’ambiance ensoleillée.

Nous avions seulement prévu de nous balader autour du lac Matheson, mais nous choisissons de d’abord nous poser au café et d’y manger. Depuis la terrasse, nous imaginons les monts Tasman et Cook – ce dernier étant le plus haut sommet de Nouvelle-Zélande – qui jouent à cache-cache derrière les nuages.
Au final, notre motivation s’envole, et nous décidons de reporter la marche au lendemain matin, en espérant que les nuages se dissipent. Nous allons donc directement au camping pour profiter d’une bonne douche et des machines à laver.

En début de soirée, nous discutons avec nos voisins français, qui ont acheté leur van au même endroit que nous.
Après le dîner, nous rejoignons une sortie organisée par le camping pour aller voir des vers luisants. Il y en a beaucoup en Nouvelle-Zélande, mais nous n’avions jamais pris le temps d’assister à ce spectacle nocturne, alors nous profitons de ce tour. Nous arrivons dans la forêt, à seulement 5 minutes à pied, et très rapidement, nous découvrons les vers luisants qui illuminent les troncs d’arbres. Les photos ne rendent pas vraiment justice à la réalité, mais la forêt semble enchantée.

Un challenge psychologique

Nous commençons notre journée tranquillement, et en milieu de matinée, nous nous rendons à un point de vue sur le Fox Glacier.
Ensuite, nous retournons au lac de la veille pour en faire le tour et profiter de ses panoramas. Malheureusement, les sommets sont encore dans les nuages, et nous ne pouvons que les deviner.
Une fois la balade terminée, nous profitons des tables de pique-nique pour déjeuner. Alors que nous préparons nos sandwichs, Mav lève la tête et, cette fois, nous pouvons enfin profiter du Mont Tasman et du Mont Cook qui apparaissent en même temps. Le panorama est exceptionnel pour un déjeuner.

Nous finissons de manger à 12h30, mais la journée ne fait que commencer pour nous, et le plus difficile reste à venir.
Ce soir, nous dormons dans le refuge Welcome Flat, après avoir emprunté la randonnée Copland. En nous renseignant, nous avions vu que le parcours faisait 16 km et 700 m de dénivelé, ce qui nous semblait un effort raisonnable, puisque nous avons vraisemblablement déjà fait plus difficile.

Nous entamons la marche un peu après 13h, et dès le début, nous devons traverser une rivière. Nous prenons notre temps, et tout se passe bien, car le niveau de l’eau n’est pas élevé et nous avons prévu des chaussures adaptées. Sur plusieurs kilomètres, nous marchons presque toujours à plat, et nos seuls obstacles sont des ruisseaux ou des flaques à enjamber. Puis, la difficulté se corse lorsque nous longeons le lit d’une rivière constituée de grosses pierres et de rochers. Il faut alors se frayer un chemin parmi les roches, ce qui rend la marche moins fluide. Nous poursuivons avec une section où nous devons emprunter plusieurs ponts et passerelles himalayennes, que l’on traverse un par un.

Après plus d’une dizaine de kilomètres, nous commençons enfin à monter, mais notre cadence ralentit et la fatigue se fait de plus en plus ressentir. Lorsque la montre de Clem nous annonce que nous arrivons dans 2 kilomètres, nous reprenons espoir. À ce moment, nous marchons déjà depuis plus de 4 heures sans pause.
Cependant, après avoir parcouru cette distance, nous ne voyons toujours pas le refuge et commençons à être perplexes, voire inquiets. Même si le jour ne se couche que dans 4 heures, nous aimerions ne pas arriver trop tard. En vérifiant sur notre application, nous devrions être à nouveau à 2 kilomètres de notre logement, mais nous commençons à être épuisés, et cela représente encore environ 45 minutes de marche dans ces conditions. Le temps passe lentement, et, contre toute attente, Clem aperçoit le toit d’un bâtiment. Nous sommes alors soulagés.

Après presque 6 heures de marche sans pause, nous retirons enfin nos chaussures et pénétrons dans le refuge, où la gardienne est en train de faire un briefing. Nous étions les derniers arrivés, et malheureusement, il n’y a plus deux lits côte à côte. Nous dormirons séparés ce soir.
Nous mangeons rapidement et enfilons nos maillots de bain, car ce refuge est connu pour être situé à côté de sources chaudes naturelles, et nous ne sommes pas déçus. N’ayant pas vu de photos avant, la surprise est grande en découvrant les piscines naturelles au pied des montagnes enneigées. Malheureusement, le moment est un peu gâché, car l’endroit est infesté de sandflies.

Après ce bain, nous ne traînons pas, car nous sommes crevés de cette journée, et demain nous devons recommencer dans l’autre sens, avec potentiellement de la pluie selon les prévisions.

Dans la nuit, Mav s’est levée pour aller aux toilettes et a découvert un ciel étoilé incroyable, avec les montagnes éclairées par la lune. C’était magique.

Mav réveille Clem à 6h, car elle remarque que les nuages ne semblent pas menaçants. Nous déjeunons, plions nos affaires, et à 7h, nous nous mettons en marche.
Après une bonne heure de marche, nous sentons quelques gouttes de pluie, ce qui nous inquiète un peu. En effet, sous la pluie, la randonnée peut devenir plus difficile, voire dangereuse, car nous devons traverser des cours d’eau, et certains endroits sont interdits en cas de fortes pluies. Nous ne voulons pas perdre de temps.
Heureusement, cela ne dure pas longtemps et les précipitations se limitent à quelques gouttes. Avec ce temps nuageux, les points de vue sont moins impressionnants, et nous sommes contents d’avoir pu marcher hier sous le soleil.

Comme nous nous pressons, nous ne faisons pas de pauses, et nous manquons plusieurs fois de nous faire mal en glissant ou en nous tordant la cheville. Pas malin, vous nous direz, mais nous voulions être rentrés au plus vite et ne pas nous retrouver coincés par la météo qui peux très vite changer.

Après un peu plus de 5 heures, nous arrivons enfin au bout de la randonnée, la plus difficile que nous ayons jamais faite. À la vue des distances et du dénivelé, nous n’étions pourtant pas inquiets, mais le terrain, qui nous obligeait à constamment réfléchir à où poser nos pieds, et l’absence de pauses ont été un vrai défi mental.

Lorsque nous avons enfin eu du réseau, nous avons vérifié la distance de la randonnée qui ne faisait pas 16 kilomètres, mais bien un peu plus de 18. Nous comprenons mieux les différences entre l’application et la montre de Clem et pourquoi nous avions eu l’impression de ne pas en voir le bout. Au final, nous avons marché 22 km hier avec un total de 40 km en 24h.
Tout ça pour dire que nous étions épuisés et que nous avons fait une bonne sieste.

Savoir se récompenser

Après une bonne nuit de récupération, nous prenons la direction de Wanaka pour y passer la journée. Nous ne voulons pas y rester, bien que ce soit l’une des villes les plus touristiques de Nouvelle-Zélande, mais nous reviendrons plus tard. En effet, le temps pour les prochains jours est très pluvieux, et la ville est déjà bondée en temps normal. Avec les vacances de fin d’année, c’est la pire période.
Nous préférons donc rejoindre la région la moins peuplée de Nouvelle-Zélande, qui est aussi moins fréquentée par les touristes. Nous nous arrêtons simplement à Wanaka pour nous doucher, faire quelques machines, et aller au cinéma. Ici, cette activité est qualifiée de « touristique », car dans les salles de projection, les sièges classiques sont remplacés par des canapés et des voitures, et il est possible de manger des pizzas et des cookies en regardant le film. Nous avons donc réservé nos billets la veille pour aller voir Wicked, qui vient de sortir et qui est adapté de la comédie musicale que nous avions vue à Broadway, il y a presque un an maintenant. Le temps passe vite.

Après cette pause détente, nous repartons et traversons le Lindis Pass, où nous voyons pour la première fois des lupins, des plantes à fleurs très photogéniques qui varient du blanc au violet foncé, en passant par le rose et le violet clair.

Anecdote

Les arbres de Noël de Nouvelle-Zélande qui fleurissent de fin novembre à fin décembre sont en fleur ! Nous avons longtemps pensé voir des Pohutukawa, mais dans cette région il s’agit de Rata. Les espèces font parties de la même famille mais ont des différence tout de même marqués que nous ne connaissions pas à ce moment.

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Commentaire(s) à propos de "La Remontada!"

  • Maryvonne le 02/01/2025 03:51

    Ouah vous êtes des warriors avec vos randonnées de malade 😒ou des fous furieux 🤣. En tout cas, c’est toujours aussi inquiétant, magnifique et majestueux 💞.
    Quand à ce cinéma il est top

  • Victor le 18/01/2025 18:18

    Et bah, vous avez fait se sacrées rando! Certes cela vous a bien fatigué mais apparemment cela valait vraiment le coup car vous avez pu voir de nouveaux paysages magnifiques (après beaucoup de patience!)