Orchid Island
Article du 08 avril 2025 au 11 avril 2025
Nous quittons Kaohsiung pour nous rendre encore plus au sud, à Hengchun, où Hsin nous attend. Cette fois, pas de train, mais un bus c’est une première pour nous à Taïwan. En chemin vers la gare routière, nous prenons le métro. Un couple de personnes âgées essaie de faire comprendre à Mav qu’ils aiment beaucoup les pins accrochés à son sac et nous souhaite une belle journée ensoleillée.
Nous partons pour quatre heures de bus, presque vide, confortable, avec même une bouteille d’eau offerte. Le trajet se passe sans encombre, et une fois arrivés à Hengchun, nous retrouvons notre guide, que nous avions quitté quelques jours plus tôt.
Le temps de déposer nos affaires et de discuter avec ses amis, il est déjà le milieu de l’après-midi, et nous n’avons toujours pas mangé. La ville est petite, et les options de restauration sont limitées. Nous optons donc pour des pâtes dans un café-cinéma. Les portions sont un peu légères à notre goût, alors, avant de rentrer, nous passons devant un café à chats. Nous nous arrêtons pour prendre un dessert tout en profitant des occupants des lieux, très câlins.
Nous passons la soirée au bar des propriétaires de l’auberge qui nous héberge. Nous discutons et rions encore une fois de nos différences culturelles. Pour un « midnight snack », nous sortons goûter des beignets fourrés.
Rencontre locale
Pour le petit-déjeuner, nous avons désormais nos habitudes et nous prenons une omelette chinoise et des toasts, au chocolat pour Mav et au beurre de cacahuète pour Clem, qui demande aussi un verre de lait de soja.
Aujourd’hui, nous avons deux heures de bateau pour rejoindre Orchid Island, notre dernière étape. Nous appréhendons un peu la traversée, réputée pour rendre malade les passagers. En sortant, la pluie se met à tomber, ce qui ne nous rassure pas et laisse présager une mer agitée. Bien que nous n’ayons pas le mal de mer, nous prenons des médicaments contre le mal des transports par précaution. En montant à bord, nos craintes se confirment. Le bateau est équipé de poubelles et de sacs un peu partout.
Heureusement, le médicament est très efficace et après quelques minutes où nous avons l’impression de tanguer, nous dormons presque pendant toute la traversée.
À l’arrivée, nous sommes ravis de nous sentir en forme et nous nous dirigeons directement vers les locations de scooters. L’île est petite, et c’est le meilleur moyen de transport. Une fois de plus, nous sommes heureux que Hsin soit avec nous pour faciliter les échanges, car cet endroit est vraiment reculé et l’anglais y est inutile. Il parvient à négocier la location d’un scooter avec le passeport de Mav, et nous voilà partis pour trente minutes de route jusqu’à l’auberge de jeunesse. Pendant le trajet, nous découvrons la beauté de l’île, plus verte et montagneuse que nous ne l’imaginions. Nous ne nous étions pas vraiment renseignés au préalable, alors cette découverte est une agréable surprise. Par moments, nous avons même l’impression d’être de retour à Hawaï.
Nous nous installons à l’auberge et, après avoir déposé nos sacs, nous mourons de faim. Il est bientôt 16 heures. Les options sont encore plus limitées et les horaires restreints, mais nous trouvons un restaurant de burgers qui ouvre dans quelques minutes. Nous sommes leurs premiers clients.
Après le repas, nous nous installons sur la terrasse de l’auberge pour organiser le programme des deux prochains jours. Puis, nous reprenons les scooters pour nous rendre au club de plongée où travaille une connaissance de Hsin. Sur place, nous rencontrons les plongeurs qui nous accompagneront demain. Aucun ne parle anglais, alors notre ami assure la traduction et nous réservons une plongée pour le lendemain.
Avant de repartir, sa connaissance nous propose de venir chez lui. Nous prenons les scooters pour quelques secondes et nous arrêtons devant une petite maison qui semble être la sienne. Il allume un feu et installe des chaises dans le jardin, puis nous propose de préparer à manger. D’abord un peu gênés, nous comprenons que cette invitation ne se refuse pas.
La spécialité culinaire de l’île est le poisson volant. Selon les traditions de la tribu locale, ce poisson est sacré et ne peut être mangé que bouilli. Bien que l’ami de Hsin ne soit pas aborigène, il connaît bien leurs coutumes et nous sert du poisson cuit dans un bouillon au gingembre. Une autre tradition veut que l’on fasse une prière ou un vœu la première fois de l’année que l’on goûte ce plat. Chacun notre tour, nous exprimons nos souhaits avant de déguster ce mets, qui est plutôt bon.

Nous passons la soirée autour du feu à discuter, grâce à Hsin, car son ami est moins à l’aise que lui en anglais. Nous abordons un sujet qui nous intrigue : la substance que certains Taïwanais mâchent parfois toute la journée. En mandarin, cela s’appelle « Bin Lang ». Il nous explique qu’il en consomme régulièrement de manière sociale et nous propose d’essayer. Sans savoir à quoi nous attendre, nous acceptons. Il appelle un ami, un indigène, qui arrive en quelques minutes. Hsin nous apprend quelques mots de politesse que nous prononçons très mal, mais qui semblent faire plaisir à cet homme. Il s’installe près de nous et sort de sa sacoche des sachets contenant tout le nécessaire pour préparer le mélange. Celui-ci se mâche comme du tabac et contient une noix d’arec, de la chaux (remplacée ici par de la poudre de coquillage) et une feuille de bétel. Avant de nous le donner, ils nous avertissent de ne surtout pas avaler notre salive, de cracher régulièrement et de le placer entre la mâchoire et la joue. Ils ajoutent que, selon le dosage, nous pourrions ressentir des effets secondaires. L’expérience devient de moins en moins rassurante.
Un peu craintifs, nous tentons tout de même. Dès que nous mâchons, une sensation terreuse envahit notre bouche, comme si nous mangions une branche. Mav recrache rapidement, trouvant cela désagréable. Clem, lui, le garde plusieurs minutes, impressionnant même Hsin, qui trouve qu’il s’adapte bien au mode de vie taïwanais. Il n’y a pas un grand intérêt à mâcher cela, si ce n’est l’aspect social, un peu comme la cigarette. Mais au moins, nous aurons essayé !


Avant de partir, nous aidons à débarrassons la table. L’ami de Hsin en profite pour nous montrer toutes ses armes de pêche, qu’il a fabriquées lui-même. Il mène une vie simple et se nourrit principalement de poisson, car la vie sur l’île n’est pas toujours facile. Cela nous marque.
Plongée et balade à scooter
Ce matin, nous retournons au centre de plongée. Clem et Hsin révisent les signes basiques de plongée, tandis que Mav prépare son matériel avec son guide, qui ne parle pas anglais. Cela ne la rassure pas vraiment, et Google Traduction devient son meilleur allié dans cette situation.
Nous enfilons nos combinaisons, puis montons sur nos scooters pour rejoindre le lieu de plongée, situé à quelques minutes de là.
Pour accéder au spot, nous devons marcher quelques mètres dans l’eau, ce qui s’avère assez périlleux car le soleil nous empêche de distinguer les crevasses formées par le récif.
Une fois sous l’eau, nous sommes surpris par la biodiversité marine. La veille, au club de plongée, on nous avait prévenus qu’il n’y avait pas grand-chose à voir et qu’il ne fallait pas s’attendre à croiser beaucoup de poissons. Pourtant, nous observons une multitude d’espèces différentes de poissons et de coraux colorés. Cette sortie permet à Clem de refaire une plongée sereine, même s’il s’est fait tirer tout du long et a à peine palmé. Nous remercions les moniteurs, qui ont été super avec nous malgré la barrière de la langue.



Pour le déjeuner, Hsin nous trouve un restaurant avec une terrasse offrant une vue sur l’océan. Puis, l’après-midi, nous explorons le sud de l’île en empruntant la seule route qui la traverse, en passant par les montagnes. Nous nous arrêtons près d’un ancien bâtiment militaire situé en hauteur, ce qui nous offre un joli point de vue. Le reste de la journée est plutôt calme. Nous nous arrêtons au bord de la route quand nous en avons envie, pour profiter des paysages qui, parfois, nous rappellent la Nouvelle-Zélande, avec leurs terrains verts et leurs moutons en train de paître.



La plongée nous a épuisés, alors nous rentrons nous doucher et ne ressortons que pour dîner. Il est assez tard, et les choix sont toujours autant limités, mais nous parvenons à trouver un restaurant. Un chat s’installe même à table avec nous.

Se laisser porter
Pour ce dernier jour complet sur l’île, nous décidons d’en faire le tour en scooter, en nous arrêtant où bon nous semble. Avant de partir, nous prenons un bon petit-déjeuner.
Pour notre première halte, Hsin nous propose un endroit près du village où nous dormons, un lieu recommandé par des locaux. Après quelques minutes de marche, nous découvrons une arche naturelle au bord de l’eau, formant une magnifique fenêtre sur l’océan.
Nous reprenons la route et alors que nous traversons un village, nous repérons une boutique vendant des articles traditionnels et décidons de nous arrêter. Sur les marches du magasin, un petit chiot mâchouille un bâton, et nous en profitons pour jouer avec lui. Pendant que Mav câline le chien de la vendeuse, Clem s’offre un bracelet tressé aux couleurs des aborigènes de l’île.


En quittant le village, Hsin nous indique qu’un endroit pour se baigner se trouve non loin. Nous garons nos scooters et découvrons une piscine naturelle, abritée des vagues et des courants. Nous sommes seulement accompagnés de quelques poissons colorés, et ce moment nous semble hors du temps. L’eau est à la température parfaite, nous observons les poissons et profitons de l’un des plus beaux coins de l’île.
Un peu plus loin sur la route, nous explorons quelques cavernes creusées dans la roche par l’érosion.
La faim se faisant sentir, nous profitons d’être au port pour nous arrêter dans l’unique épicerie du coin pour manger. En ressortant, des artisans ont installé un stand d’objets artisanaux. Grâce à Hsin, nous demandons si certains badges peuvent être détournés en pins, car nous en faisons la collection. Contrairement au Japon, il est difficile d’en trouver ici. Après plusieurs minutes de discussion, nous obtenons ce que nous voulons et en sommes ravis !
Nous poursuivons notre tour vers le sud-ouest, passons devant le minuscule aéroport de l’île et continuons à traverser les petits villages. Alors que le coucher de soleil approche, nous décidons de faire demi-tour pour prendre un verre face au paysage. Clem, qui suit un peu à distance, aperçoit un pêcheur sur son scooter en train de ramener un marlin fraîchement pêché qui lui sert de repose-pied. La scène semble irréelle.
Nous nous installons en terrasse, avec vue sur la mer, pour boire un verre. Enfin, pour Mav, il s’agit plutôt de manger des fruits surgelés, car son smoothie n’était pas des meilleurs.
Le soleil devient de plus en plus rasant et les nuages ne semblent pas trop épais, alors nous remontons sur nos scooters en direction d’un point de vue dégagé. Nous n’avions pas encore profité d’un coucher de soleil sur l’île. À notre arrivée, nous ne sommes pas les seuls à vouloir admirer le spectacle : d’autres scooters sont déjà en place. Nous ne sommes pas déçus, les reflets orangés sont splendides, et nous restons contemplatifs.


En rentrant à l’auberge, nous remarquons un petit marché du soir dans le village. Nous décidons de nous y arrêter pour dîner. Nous avons désormais atteint le niveau confirmé pour commander à Taïwan et nous nous sentons à l’aise pour nous diriger vers les stands, prendre un bon de commande et le remplir. Nous avons tout de même encore besoin de Hsin pour traduire le menu et éviter de nous retrouver avec des morceaux d’animaux inattendus !