Le poids du passé

Article du 17 mars 2025 au 18 mars 2025

L’époque samouraï

Avant de nous rendre à Hiroshima, nous faisons un arrêt à Himeji pour visiter son château. Ce lieu est un trésor national du Japon et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de l’un des rares édifices de l’époque Edo à ne pas avoir été démoli.
Installé sur une colline, il nous impressionne par sa taille. Les nombreux détails architecturaux nous plongent dans l’histoire, et sa couleur blanche, éclatante sous le soleil, renforce encore sa splendeur.

L’intérieur du château se visite également, mais nous avons été déçus, car il est vide et ne contient aucune explication. Les jardins attenants ne sont pas particulièrement fleuris en cette saison, ce qui leur enlève un peu de charme. Cependant, ils étaient en pleine préparation pour l’arrivée du printemps. Cela nous a permis d’assister à une démonstration d’ikebana, un art traditionnel japonais qui consiste à créer des compositions florales dans un vase selon des règles précises.
Nous avions le temps de faire cette halte, mais selon nous, la visite de Himeji n’est pas indispensable en dehors de la saison des fleurs.

Un devoir de mémoire

Nous arrivons à Hiroshima, tristement célèbre pour avoir subi la première attaque à l’arme nucléaire.
Nous commençons notre visite par le jardin Shukkeien, l’un des plus anciens du Japon. Particulièrement joli avec son bassin peuplé de carpes koï, il est aussi connu pour abriter un ginkgo géant, seul arbre à avoir survécu à la bombe atomique. Ses graines ont depuis été distribuées dans le monde entier comme symbole de paix.
Ensuite, nous visitons le château d’Hiroshima, qui abrite un musée retraçant l’histoire de la ville.

Avant de nous rendre à l’hypocentre, le point directement situé sous l’explosion, nous déposons nos sacs à l’auberge.

Nous commençons par le Mémorial national de la paix pour les victimes de la bombe atomique. Depuis notre arrivée à Hiroshima, nous ressentons une atmosphère pesante. Peut-être est-ce psychologique, influencé par le drame que la ville a traversé, mais même si les stigmates ne sont visibles que près de l’hypocentre, nous ne nous sentons pas totalement à l’aise dans les rues.
Il semble régner une forme de désespoir, que nos corps perçoivent malgré les décennies passées. Nous croisons également beaucoup de personnes ayant vraisemblablement des problèmes et des difficultés à marcher, bien plus que dans les autres villes que nous avons visitées. Même si tout les survivants de la bombe sont aujourd’hui décédés, leurs descendants portent sans doute encore les séquelles de cette tragédie.

À l’intérieur du mémorial, ce malaise s’intensifie. Les premiers témoignages sont bouleversants. Mav est submergée par l’émotion et a besoin de s’asseoir un moment pour reprendre ses esprits.
Nous allons ensuite au musée du mémorial de la paix d’Hiroshima. Au bout de la deuxième salle, nous devons former une file indienne qui n’avance pas très vite à cause de la foule. Évidemment, nous avons le temps de lire tout ce qui est écrit mais les descriptions, photos et objets exposés sont glaçant. Les informations ne sont vraiment pas facile à encaisser et la densité de personnes ajoute une sensation étouffante qui n’est vraiment pas agréable. Mav attend Clem plus loin qui ne tarde pas à la rejoindre, partageant ce mal-être. Il est difficile de décrire le sentiment que nous avons ressenti, mais c’est quelque chose qui semble heurter notre âme à son plus profond.
Nous ressortons avec le sentiment de ne pas avoir pu rendre hommage comme nous l’aurions voulu aux victimes qui ont eu le courage de témoigner de l’horreur qu’elles ont vécue.

Encore un peu secoués, nous marchons à travers le parc commémoratif pour voir la cénotaphe, la flamme de la paix, le monument des enfants pour la paix et le dôme de Genbaku.

Nous terminons cette journée dans un petit restaurant. Les employés ne parlaient pas anglais, mais heureusement, une cliente est venue à notre rescousse. Nous sommes désormais habitués à ces moments un peu gênant et finalement nous en rigolons avec eux.

Le programme du lendemain étant léger, nous avions prévu de faire une grasse matinée. Mais la météo en a décidé autrement, car la pluie est annoncée dès le début d’après-midi.

Apaiser son esprit à Miyajima

Après les émotions de la veille, cette journée s’annonce plus paisible, puisque nous partons découvrir l’île de Miyajima(cho).

Nous prenons un ferry pour traverser, et à peine débarqués, nous apprenons qu’ici aussi, des cerfs vivent en liberté, pour notre plus grand plaisir. Il ne nous faut pas longtemps pour en apercevoir un premier, posté à l’entrée d’un restaurant. Il attend probablement que le propriétaire, que nous voyons s’agiter à l’intérieur, lui donne à manger.

Nous commençons notre visite par le sanctuaire Itsukushima Jinja, célèbre pour sa porte torii flottante, la Itsukushima Shrine Otorii Gate, qui semble émerger de l’eau à marée haute. Nous avons eu la chance de pouvoir la photographier avec des daims juste devant.

Nous traversons ensuite le parc Momijidani pour rejoindre le funiculaire qui mène à l’observatoire Shishiiwa. Nous aurions pu monter à pied, mais, il faut l’avouer, cette fois-ci nous avons été un peu flemmards et nous avons préférons réserver l’effort pour la descente.
Nous pensions que le funiculaire nous amènerait directement au point culminant… mais non. Pour atteindre le mont Misen, il faut marcher encore un peu. Le chemin n’était pas particulièrement difficile, mais nous n’étions pas vraiment dans l’état d’esprit de marcher davantage. 
Mav s’est donc arrêtée dans un temple, entourée de quelques daims, pendant que Clem a poursuivi seul jusqu’au sommet.
Comme la visite a duré plus longtemps que prévu et que les nuages commençaient à s’amonceler, nous décidons de redescendre en funiculaire, craignant de nous faire surprendre par la pluie.
Bonne surprise ! Nos tickets n’ayant visiblement pas fonctionné à l’aller, nous pouvons redescendre gratuitement. Cela nous a bien remonté le moral après la petite promenade inattendue.

Nous poursuivons avec la visite du temple Daishoin, plutôt vaste et composé de plusieurs bâtiments. Nous apprécions particulièrement ses allées ornées de petits bouddhas sculptés dans la pierre.

Nous ne nous arrêtons pas à Hokoku-jinja, un peu excentré, ni à Itsukushima Jinja Gojūnotō, qui est en travaux.
Ayant vu tout ce que nous voulions, nous prenons le temps de manger dans un restaurant sur un tatami. En sortant, nous découvrons que la pluie a fait son retour.
Clem s’arrête pour goûter un momiji manjū, une pâtisserie locale en forme de feuille d’érable, faite à base de sarrasin et de riz. La garniture traditionnelle est à la pâte de haricots rouges, mais nous avons testé la version au chocolat. Cette petite collation n’a pas suscité de grand enthousiasme chez nous.

Les cerfs ici sont un peu plus farouches qu’à Nara, ce qui donne lieu à des scènes assez cocasses. En chemin vers l’embarcadère, nous voyons à deux reprises des cerfs profiter de l’inattention des passants (concentrés sur leur parapluie) pour tenter de subtiliser de la nourriture. Leur technique est simple, ils repèrent un sac, appuient dessus de tout leur poids avec la tête, et essaient de l’arracher. Ce qui nous a le plus surpris, c’est la non-réaction des personnes concernées, qui semblaient totalement démunies.

Hier, en achetant notre petit-déjeuner, nous avions repéré dans la boutique quelques produits européens, notamment de la charcuterie et du fromage. De retour à Hiroshima, nous faisons un arrêt dans ce même magasin pour acheter de quoi improviser un apéro en guise de dîner.

Lire l\'Article précédent Lire l\'Article suivant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les commentaires sont tous sujets à validation, pas de panique si ce dernier n'apparait pas tout de suite. Les champs obligatoires sont indiqués avec *.