Le début de la fin

Article du 03 février 2025 au 06 février 2025

Au revoir Queenstown

Avant de réellement commencer notre journée, nous faisons un arrêt dans un garage. Depuis trois ou quatre jours, le voyant du niveau d’huile s’allume par intermittence sur notre tableau de bord. Le garagiste nous rassure rapidement, c’est un problème connu sur ces vieux vans. Avec les années, une petite fuite d’huile peut apparaître. Il nous refait donc le niveau pour seulement 20$.

Nous reprenons la route en direction de Queenstown. En chemin, nous réalisons qu’il ne nous reste plus qu’un mois en Nouvelle-Zélande, et qu’à partir de maintenant, nous ne ferons plus que remonter vers le nord, en direction de Auckland. Cette prise de conscience nous rend un peu nostalgiques. Même si cette année n’a pas été facile, elle a été extraordinaire, et nous nous sommes habitués à cette vie de liberté. Désormais, chaque jour compte un peu plus, ce qui donne une saveur particulière à notre quotidien.

Sur la route, nous faisons deux arrêts pour admirer la beauté du lac Wakatipu.

Il n’est que le début d’après-midi, et nous décidons de monter jusqu’à la station de ski The Remarkables pour aller voir le lac Alta. Après avoir payé les 5$ d’accès pour emprunter la route menant au départ de la randonnée, Gandalf nous conduit jusqu’au sommet, non sans difficulté face à la pente et la chaleur. Heureusement, la récompense est immédiate, depuis le parking, un glacier majestueux se dresse devant nous, nous offrant une toile de fond parfaite pour notre repas.

Pour rejoindre le lac Alta, la randonnée est plutôt courte, mais les montées nous rappellent que notre dernière marche remonte à plus d’un mois. Une fois au sommet, nous restons sans voix face à la beauté du lac, encerclé par des montagnes impressionnantes. Nous comprenons mieux pourquoi ce lieu a été utilisé dans Le Seigneur des Anneaux.

L’endroit est si paisible que nous décidons de nous asseoir sur un rocher et de simplement contempler la nature.

Avant de redescendre, Clem met Mav au défi d’atteindre une pierre située dans le lac, sur laquelle il est possible de s’asseoir. Sans hésitation, Mav accepte et se lance devant le regard étonné de Clem. L’eau, glaciale en raison de l’altitude, lui arrive au dessus des genoux, procurant un bon coup de frais. Clem finit par la rejoindre, mais l’expérience est nettement moins agréable pour lui, le froid lui engourdissant rapidement les pieds.

Nous passerons la nuit en altitude, avec une vue dégagée sur la vallée de Queenstown. Le coucher de soleil est sublime, et un burger maison vient parfaire ce moment magique.

À la tombée de la nuit, Clem tente de capturer quelques clichés du ciel étoilé, qui est absolument incroyable dans la région.

Cap sur Wanaka

Nous étions déjà venus à Wanaka, mais seulement pour un court passage.
Nous débutons donc notre journée par un petit déjeuner au bord du lac. Il n’y a pas encore trop de monde, et le soleil n’est pas trop fort, alors c’est super agréable.

Ensuite, nous nous baladons dans le centre, notamment pour récupérer nos bracelets en pounamu. C’est une pierre de Nouvelle-Zélande très importante dans la culture maorie. Initialement sculptée sous forme d’outils ou d’armes, elle peut aussi être portée en tant que collier.
Pour notre part, nous souhaitions plutôt un bracelet, plus discret qu’un pendentif. Nous récupérons le paquet puis nous nous installons en terrasse d’un café. Afin de respecter les traditions, nous nous offrons l’un et l’autre nos bracelets, sinon cela porte malheur.

À la mi-journée, il fait déjà très chaud, une trentaine de degrés, alors nous hésitons à aller marcher, mais nous nous motivons. Après avoir manger un « sandwich miam » (notre nouveau repas favori) et nous être tartinés de crème solaire pour ne pas rôtir, nous partons randonner.
Finalement, le chemin est plutôt ombragé et aéré, ce qui n’est pas pour nous déplaire. La vue au sommet offre un parfait point de vue sur le mont Aspiring au fond du paysage, et nous avons également une belle perspective sur notre prochaine randonnée, Roys Peak.

En fin d’après-midi, nous avons rejoint le parking qui nous servira de camping gratuit pour la nuit, ce qui est rare à Wanaka. Nous essayons de nous endormir alors qu’il reste encore deux bonnes heures d’ensoleillement, car la nuit va être courte.

Roys peak à l’aube

À 2h30, notre réveil sonne et nous prenons immédiatement la route en direction du départ de notre randonnée semi-nocturne. Notre objectif est d’être au sommet autour de 6h30 pour voir le lever du soleil, prévu à 6h45. Nous avons préféré prévoir un peu large pour parcourir les 8 km et 1300 m de dénivelé positif afin d’être sûrs de ne pas manquer le spectacle. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée, et le parking se remplit très rapidement. Le réveil en pleine nuit n’a pas arrêté grand monde.
Nous ne mettons que 2h15 à arriver en haut grâce à un chemin large et linéaire qui facilite largement l’effort. Arriver tôt nous permet d’avoir une place de choix. Le vent est particulièrement froid, et nous sommes contents d’avoir amené du chocolat chaud avec nous, même s’il n’est pas très bon. Bonnet et gants ne sont également pas de refus durant l’heure d’attente.

Les photos ne rendront jamais justice à la réalité, mais nous ne regrettons pas une seule seconde d’avoir marché si tôt. Le soleil, caché derrière les montagnes, se découvre petit à petit et illumine l’espace, donnant une couleur rosée aux glaciers et montagnes enneigées derrière nous, tandis qu’il teinte la vallée d’orange.

Nous entamons la descente tranquillement pour continuer de profiter du paysage et parce que Clem ressent des douleurs aux orteils.

Une fois en bas, la fatigue d’une courte nuit et de la randonnée commence également à se faire ressentir. Nous décidons d’aller voir le fameux arbre de Wanaka, connu pour être très photogénique avec son tronc baigné dans le lac. Mais en plein été, c’est un peu différent, le niveau du lac est bas et il est possible d’aller jusqu’à son pied. Il n’est donc pas évident d’avoir une photo sans personne dessus, et il faut s’armer de patience.

Exténués, nous allons nous reposer sur des transats le temps d’une petite heure avant le repas.

Le reste de la journée n’est guère intéressant puisqu’il consiste à manger, nettoyer le van, changer les eaux, se doucher, laver le linge, faire le plein et rouler un peu en direction du nord. Alors nous sommes contents d’arriver au camping pour nous reposer.

Des géants de glace

Aujourd’hui, nous avions prévu de nous lever tôt pour aller voir les Clay Cliffs, des formations géologiques situées à 20 minutes de notre campement. Mais le ciel étant très nuageux, nous n’aurions pas eu les jolies couleurs dorées matinales qui se refléteraient sur les falaises. Nous aurions pu y aller quand même, mais l’entrée est de 5 $, et nous n’avons qu’un billet de 50. De plus, la route est un chemin en terre, et la dernière fois que nous en avons pris un, nous avons dû nettoyer le van de fond en comble.
Enfin, pour être tout à fait honnêtes, nous commençons à être fatigués. Depuis une semaine que nous avons fini de travailler, nous n’avons pas arrêté et nous sommes simplement épuisés.

Nous prenons donc la route en milieu de matinée et allons voir le lac Ohau, puis nous nous baladons dans le centre-ville de Twizel, avant de s’arrêter dans une ferme de lavande pour que Clem puisse goûter la glace. Après cette pause gourmandise, nous longeons le lac Pukaki pour rejoindre le mont Cook.
Cette dernière portion est classée parmi les plus belles routes du pays, et nous comprenons rapidement pourquoi. À droite, le lac est d’un bleu intense, et en arrière-plan se dresse le sommet le plus haut de Nouvelle-Zélande. Heureusement, les nuages se sont légèrement dispersés, et nous pouvons profiter d’un paysage ensoleillé.
Juste avant d’arriver au parking, nous entrons dans le parc national Aoraki/Mont Cook et pouvons admirer de nombreux glaciers accrochés aux montagnes.

Nous déjeunons avec une vue dégagée sur le mont Cook avant de partir marcher dans la Hooker Valley. Bien que nous soyons jeudi, il y a énormément de monde. De nombreux locaux s’ajoutent aux touristes car aujourd’hui, c’est la fête nationale, Waitangi Day. Ce jour commémore le traité de Waitangi, signé entre l’Empire britannique et plusieurs centaines de tribus maories.

Nous commençons à marcher en milieu d’après-midi, et immédiatement, les panoramas sont déroutants. Autour de nous, il y a des glaciers, des cascades, des montagnes enneigées, des lacs et des rivières.
Cette randonnée a tout de même été un peu chaotique, car nous avions mal préparé notre itinéraire alors que notre temps été compté puisque nous devions nous rendre à une activité en fin de journée. Nous nous sommes retrouvés à courir pour ne pas être en retard, alors que nous avions normalement le temps. De plus, le temps changeant très vite, au moment où nous sommes arrivés au lac Hooker, les nuages étaient de retour et couvraient la pointe du mont Cook. Nous sommes donc heureux de l’avoir vu plus tôt dans la journée. En plus de la couverture nuageuse, quelques gouttes de pluie ont fait leur apparition, ainsi qu’un bruit sourd s’apparentant à du tonnerre, ce qui ne nous a guère rassurés pour la suite.
Sur le lac, nous avons aussi été surpris par de petits icebergs d’environ 2 à 3 mètres, détachés du glacier qui se situe plus loin dans la vallée.

Justement, les glaciers sont le sujet du tour auquel nous participons après, alors nous nous dépêchons de faire le chemin retour et de nous rendre au point de rendez-vous.
Nous arrivons à temps à l’hôtel Hermitage, qui organise l’excursion, et en nous installant dans le bus, nous nous retrouvons entourés de personnes propres et qui semblent plutôt à l’aise financièrement, ce qui nous donne un peu l’impression de faire tache. Nous avons également une petite appréhension concernant la sortie, car elle est plutôt chère et nous craignons qu’il s’agisse d’un « attrape-touriste ».

Lors du trajet en bus pour rejoindre le bateau, le guide nous donne des explications sur la vallée, les sommets et les glaciers que nous voyons. Nous apprenons la signification d’Aoraki, le nom maori du mont Cook, qui signifie « perce-nuages ». Nous nous estimons alors encore plus chanceux de l’avoir vu, même brièvement. Il nous explique également que parfois, des blocs de glace se décrochent des glaciers et produisent un bruit qui résonne dans toute la vallée. Nous comprenons alors que le bruit entendu lorsque nous marchions ne provenait pas du ciel, mais plutôt de ce phénomène.

Puis, nous descendons du bus et, après une petite marche, nous arrivons au bord du lac Tasman, où nous attend un zodiac dans lequel nous montons.
Le soleil a refait son apparition et Pancho, notre skipper, va nous emmener tout près des icebergs. Il est passionné et très intéressant. Il nous explique la formation de ce lac, qui n’existait pas il y a 32 ans et qui s’agrandit tous les jours de 30 cm à cause de la fonte du glacier. Il nous parle aussi des icebergs et de leur fonctionnement, expliquant qu’ils conservent toujours 90 % de leur masse sous la surface. Alors qu’il est en train de nous montrer la base de l’un de ces blocs flottants, il effectue une rapide manœuvre de recul, et nous voyons sous nos yeux un iceberg se retourner pour conserver le ratio mentionné plus tôt. Cela s’est produit très vite et semble presque irréel.

Toutefois, ces explications nous laissent un sentiment mitigé, car le réchauffement climatique est plus que jamais sous nos yeux. Il y a 32 ans, ce lac n’existait pas. Dans 40 ans, le glacier qui fait actuellement 1,5 km de large et 150 m de haut, se sera retiré plus loin dans la vallée, et dans 100 ans, il aura totalement disparu. Il est aussi le plus grand glacier de Nouvelle-Zélande, ce qui signifie qu’il sera parmi les derniers à disparaître.
Le paysage est à la fois magnifique, mais il est aussi le résultat d’un changement qui évolue à une vitesse bien trop grande à l’échelle de la vie d’un glacier.

En tout cas, notre appréhension concernant le tour ne s’est pas avérée fondée, et nous ne regrettons pas cette visite, qui aura été splendide et très instructive.

Anecdote

Le dernier soir aux alentours de Queenstown, alors que nous dégustions nos burgers, un fourgon de police s’est garé sur le parking. Cela nous a surpris, car d’ordinaire, ce sont plutôt des entreprises privées qui contrôlent les véhicules dans les campings gratuits. Nous nous sommes dit que cela faisait peut-être partie de leurs missions ici.

Clem avait évoqué la possibilité qu’ils mettent en place un contrôle d’alcoolémie, étant donné que cette route relie deux grandes villes. Mais à notre grande surprise, une voiture de police est arrivée dans l’autre sens pour transférer un détenu dans le fourgon.

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Commentaire(s) à propos de "Le début de la fin"

  • Victor le 23/02/2025 10:49

    Magnifique ce lac Alta avec un très joli coucher de soleil.
    Je compatis avec Clément pour la température de l’eau!
    Très jolis bracelets qui viennent apporter leur pierre à l’aventure! 🤗
    Sacré courage de vous lever à 2h du mat pour aller marcher dans le froid. Mais il semble que le spectacle en valait la peine! Repos du retour bien mérité.
    Votre photo sur le champ de lavande me donne l’impression que vous avez fait un détour par la drome provençale! 🤣
    Vous avez eu de la chance de voir les icebergs d’aussi près et d’en voir un se retourner juste devant vous. J’avais pas compris que le lac était récent et résultait de la fonte des glaciers. Comme vous dites, c’est le côté triste de l’histoire et malheureusement on ne peu pas l’arrêter.
    Profitez bien de vos dernières semaines en NZ.