Konishiwa Kyoto !
Article du 12 mars 2025 au 14 mars 2025
Le charme hivernal des alpes niponnes
Aujourd’hui, nous partons visiter le village de Shirakawa-go, célèbre pour ses maisons traditionnelles aux toits pentus en chaume. Le site est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité.
Après presque deux heures de bus, nous arrivons dans cette petite bourgade à l’architecture typique, recouverte de neige. Nous commençons par nous promener dans la rue principale. Il est 10h du matin, les magasins ne sont pas encore ouverts, mais nous ne sommes pas seuls. En effet, après avoir traversé le pont suspendu qui enjambe la rivière, nous voyons des bus de tours organisés déverser de grands groupes de touristes.
Nous décidons d’aller au musée à ciel ouvert, qui permet d’en apprendre plus sur les Gassho-zukuri, les maisons traditionnelles. Une vingtaine d’entre elles ont été déplacées pour être préservées et mises en valeur. Pour notre plus grand plaisir, le site est assez calme et nous pouvons prendre notre temps pour faire de belles photos. Avec la neige, l’atmosphère est vraiment magique nous avons l’impression d’être dans un film ou d’avoir remonté le temps.


Après le déjeuner, le temps se dégage un peu, et nous en profitons pour prendre de la hauteur en rejoignant une plateforme d’observation surplombant le village. La vue sur les habitations sous les quelques rayons de soleil est particulièrement agréable.
Cela fait maintenant un peu plus de 4 heures que nous sommes sur place et nous avons parcouru toutes les ruelles. Notre bus de retour ne part pas tout de suite, alors nous nous arrêtons dans un café.
En entrant, nous avons la bonne surprise de devoir nous déchausser pour accéder à la salle en tatami, une première pour nous. Le cadre est très sympathique, nous sommes assis sur des coussins et nous dégustons notre goûter face à la fenêtre en admirant les maisons enneigées.
En sortant, la pluie commence à tomber, alors nous nous estimons chanceux d’avoir pu visiter avec une météo plutôt clémente.



Nous retournons à Kanazawa en milieu d’après-midi et décidons de prendre un peu d’avance sur le programme du lendemain en visitant la ville.
En chemin vers un jardin, nous faisons un détour par le château de la ville. Le bâtiment est déjà fermé aux visites, mais ses extérieurs restent accessibles.
Nous poursuivons ensuite par la visite du parc Kenroku-en, considéré comme l’un des trois plus beaux jardins du Japon, conçu pour être magnifique en toute saison. Nous restons tout de même un peu méfiants. Depuis le début de notre voyage, les jardins visités en hiver ne nous ont pas vraiment charmés. Nous nous souvenons encore du jardin botanique de Brooklyn l’an dernier, ou encore de celui de la villa impériale il y a quelques jours, où seuls des arbres dénudés subsistaient.
Ce matin, nous avions remarqué que les branches des arbres étaient attachées au sommet du tronc à l’aide de cordes. Dans le parc, nous retrouvons cette technique traditionnelle, qui permet aux branches de ne pas casser sous le poids de la neige. Même si ce n’est pas conçu pour l’esthétique, cela donne une allure élégante aux arbres et nous fait oublier que leurs feuilles ne sont pas encore revenues.


En sortant, nous passons devant le musée d’art contemporain du 21e siècle, que nous traversons sans nous arrêter pour nous rendre dans le quartier de Nagamachi.
Ce quartier est réputé pour ses ruelles pittoresques et ses anciennes maisons de samouraïs. La nuit étant déjà tombée, les maisons ne sont pas très visibles, mais l’atmosphère des allées éclairées par des lanternes est agréable.
Il n’est pas encore 20h lorsque nous terminons nos visites. Sur le chemin du retour vers l’auberge, nous parcourons les rues à la recherche d’un restaurant, et nous nous arrêtons pour tester des yakitori. Ce sont des brochettes frites ou grillées au barbecue, servies devant nous sur une plaque chauffante. Même si l’ambiance du restaurant n’était pas la plus calme, notamment avec la responsable de salle âgée mais pleine d’énergie, nous nous sommes vraiment régalés.

Première impression mitigée
Le début de journée est matinal pour l’ouverture du sanctuaire Oyama. La particularité de ce lieu réside dans sa porte principale, surmontée de vitraux, une chose plutôt rare au Japon. Mais c’était sans compter sur le GPS, qui nous a fait passer par une entrée latérale.
Quelques Japonais viennent prier dans une atmosphère calme avant de commencer leur journée.


Nous nous rendons ensuite dans le quartier traditionnel d’Higashi Chaya, connu pour ses salons de thé où se produisent des geishas et ses boutiques d’artisanat autour de la feuille d’or.
Nous ne croisons pas d’hôtesses japonaises pendant notre promenade, mais nous goûtons une glace saveur sakura, enrobée d’une feuille d’or. L’or n’a pas vraiment de goût, mais c’est la première fois que nous testons un dessert à la fleur de cerisier et c’est plutôt très sucré.

Avant de retourner à l’auberge, nous traversons le marché couvert d’Omicho. Il n’est que 11h et l’appétit ne se fait pas encore sentir, mais nous découvrons de nombreux étals de poissons frais, notamment des crabes de toutes sortes et tailles.
Nous avons un petit coup de stress en arrivant à l’hôtel, car en essayant d’entrer, nous nous rendons compte que les portes sont verrouillées. Nous savions que l’accès aux espaces communs était interdit entre la fin de matinée et le milieu d’après-midi pour cause de ménage, mais nous pensions pouvoir récupérer nos bagages. Heureusement, le personnel répond au téléphone et nous permet d’entrer brièvement pour prendre nos affaires.
Direction la gare, en route pour Kyoto. Le train part dans 45 minutes, la gare est à seulement 15 minutes à pied, mais nous nous pressons car nous devons d’abord récupérer un pass qui nous permet de prendre les trains presque en illimité, Shinkansen compris.
On vous épargne les détails, mais si le Japon est réputé pour son organisation, tout devient rapidement compliqué dès que l’on sort un peu des procédures parfaitement huilées. Entre la barrière de la langue et la rigidité administrative, nous devons courir pour attraper le train, dont les portes se ferment littéralement derrière nous.
Malheureusement, nous avions une correspondance courte… que nous manquons. On ne peut pas gagner à tous les coups.
Vous vous demandez peut-être pourquoi nous sommes autant pressés. C’est parce que nous courons littéralement après le beau temps. De la pluie est annoncée à Kyoto, et après plusieurs jours de pluie à Tokyo, nous aimerions éviter de revivre ça. Le but est d’arriver assez tôt pour profiter de la fin d’après-midi.
Déjà un peu déçus d’avoir raté notre correspondance, notre moral chute encore quand, en voulant prendre le bus pour rejoindre notre auberge, nous découvrons une file d’attente immense. C’était notre plus grande crainte au Japon, la concentration de touristes et pour la première fois, nous y sommes confrontés.
Une fois arrivés, nous déposons nos affaires rapidement et repartons aussitôt explorer Kyoto.
Il est bientôt 17h, l’heure de fermeture des temples. Nous nous dépêchons vers le temple Kōdaiji, situé à quelques minutes à pied. Nous apprécions particulièrement sa forêt de bambous, plutôt paisible en cette fin de journée. En sortant, nous apercevons le gigantesque Bouddha du temple Ryozen Kannon, malheureusement déjà fermé.
Pour rejoindre le temple Yasaka Kōshin-dō, il faut jouer des coudes, et c’est encore le cas une fois à l’intérieur. Le nombre de touristes est affolant, ce qui gâche un peu notre découverte de ce sanctuaire pourtant très coloré.



Dans le quartier alentour l’ambiance est similaire, c’est bondé et bruyant, et les touristes sont même parfois irrespectueux. L’affluence nous empêche de profiter de l’architecture traditionnelle japonaise et nous n’osons même pas imaginer ce que ce sera dans quelques semaines, lors de la floraison des cerisiers, la période la plus touristique au Japon.
À Tokyo, nous n’avions pas eu cette impression. La ville est plus vaste, les lieux d’intérêts sont plus dispersés, et la présence des locaux dans les quartiers animés donne une ambiance plus authentique. À Kyoto, c’est une forte concentration de touristes étrangers dans les quartiers historiques, ce qui rend la visite un peu moins magique.
Nous grimpons au Mont Otowa pour visiter le temple Kiyomizu-dera juste avant sa fermeture. Le lieu offre une vue panoramique sur la ville. Il est réputé pour ses couchers de soleil, mais ce soir, ils sont voilés par une fine couche de nuages.


Il est à peine 18h, nous décidons de flâner un peu en ville avant d’aller dîner. Nous passons au Pokémon Center, car Clem veut s’acheter une peluche. Pendant ce temps, Mav fait la queue pour acheter un pin’s. Après avoir hésiter longuement et quelques aller-retour dans le magasin, il finit par opter pour un Dracaufeu.
Nous pensions manger au marché de Nishiki, mais après 19h, beaucoup d’échoppes sont déjà fermées. Nous nous rabattons sur un petit restaurant de ramen à proximité.
Devant l’entrée, aucune enseigne est visible. Nous ne sommes même pas sûrs d’être au bon endroit, nous avons presque l’impression d’entrer chez quelqu’un. L’escalier est étroit, l’ambiance étrange, mais une borne de commande à l’étage nous rassure un peu. Nous sommes les seuls clients. Nos réflexes français auraient tendance à nous inquiéter… mais ici, c’est souvent bon signe et par flemme de chercher ailleurs, nous restons.
On ne va pas faire durer le suspense, heureusement que nous sommes restés. Clem a mangé son meilleur ramen le porc est fondant, le bouillon savoureux, tout est parfaitement exécuté.

Pour rentrer, nous traversons le quartier de Gion, connu pour ses geishas. Comme nous n’en avions pas vues à Kanazawa ce matin, nous ne nous faisions pas trop d’illusions.
Et pourtant, au détour d’une rue, nous apercevons une femme accompagnée de deux hommes sortir d’une maison. Curieux mais discrets, nous les suivons à distance jusqu’à ce qu’ils entrent dans un autre bâtiment. Quelques minutes plus tard, un taxi s’arrête au même endroit et une seconde geisha en descend. Nous sommes frappés par la blancheur du maquillage sur leur visage. C’était bref, mais nous sommes contents d’avoir croisé deux geishas, d’assez près, dans leur quartier.
La tournée des temples
La journée commence tôt, car nous voulions visiter la villa impériale Katsura à 9h, dès son ouverture. En arrivant, nous apprenons que la visite des jardins n’est possible que dans le cadre d’une visite guidée d’une heure. Cela ne nous aurait pas dérangés, mais nous avons réservé la visite du temple Saihōji à 10h30, et il faut marcher 45 minutes pour s’y rendre. Nous aurions pu prendre un taxi, mais nous n’avions pas envie de dépenser notre argent ainsi et nous n’étions pas convaincus que la visite des jardins de la villa en vaille réellement le coup. Dommage de s’être levés si tôt pour rien.
Bonne nouvelle, arrivant au temple, nous n’avons pas à attendre notre créneau, ce qui nous arrange et nous fait gagner pas mal de temps. C’est le seul temple pour lequel nous avons dû réserver à l’avance, et ce n’est pas plus mal. Grâce à ce système de régulation, nous pouvons profiter du lieu avec très peu de visiteurs.
Nous commençons par une séance de copie de sūtras : il s’agit de repasser les kanjis déjà imprimés, dans un but de détente et de recentrage. Mav a eu du mal à se concentrer à cause de personnes bavardes derrière nous, contrairement à Clem, complètement plongée dans l’exercice, laissant glisser le feutre sur la feuille.
Nous poursuivons avec la visite du jardin de mousse et du lac apaisant. Une vraie parenthèse calme, qui nous fait beaucoup de bien et nous réconcilie un peu avec Kyoto.



Nous continuons vers Arashiyama, un parc réputé notamment pour sa forêt de bambous, mais nous avions repéré quelques autres points à visiter avant.
Le premier est un lieu d’observation de singes. À la base, nous n’étions pas très partants, pensant que les animaux étaient en cage, mais après renseignement, on nous assure qu’ils sont en liberté, alors on se laisse tenter. C’est la première fois que Clem voit des macaques en liberté, et nous sommes tous les deux amusés par leurs mimiques, parfois très proches de celles des humains. En bonus, le sommet offre une belle vue panoramique sur la ville.


Nous vous prévenons, les deux prochains lieux font partie de nos pires expériences du voyage, et pourtant nous n’avions pas d’attentes particulières.
D’abord, le temple Tenryū-ji, décrit comme « jardin zen et calme ». Nous ne pouvons honnêtement pas lui attribuer ces qualificatifs. Nous avons payé l’entrée du temple et des jardins, avec la possibilité de payer un supplément pour voir une peinture. À l’intérieur du temple, la foule est telle que l’on circule en file indienne. Et ironiquement, la seule vue qu’on a depuis le temple est sur les jardins, où sont aussi les gens qui ont payé uniquement cette partie… Rien de zen dans cette visite, à part peut-être le râteau soigneusement passé dans les cailloux. Nous sortons assez rapidement, direction la fameuse forêt de bambous.
Mais comme la sortie du jardin y donne directement accès, la foule est tout aussi massive. Nous la traversons sans même nous arrêter. Heureusement que nous en avons vu une autre, bien plus paisible, la veille. Ici, nous avons l’impression d’être de retour à Disneyland.



Nous avons dû faire l’impasse sur deux lieux excentrés et probablement plus calmes, ce que nous regrettons un peu. Nous aurions préféré passer notre temps là-bas.
Pas le temps de ruminer, nous prenons la direction du Ryōan-ji, en espérant que ce temple bouddhiste soit vraiment zen. En chemin, nous faisons une halte dans une supérette pour attraper quelque chose à manger rapidement. Une fois sur place, nous sommes contents de retrouver un peu de tranquillité. Nous prenons le temps de nous balader et de profiter des lieux.
Au Kinkaku-ji, le célèbre temple au pavillon doré, nous retrouvons une foule importante. Il faut être patient ou jouer des coudes pour s’approcher et prendre une photo. Mais cette fois, nous comprenons l’engouement. La météo est parfaite et la lumière du soleil fait briller l’édifice couvert d’or. Nous ne nous attardons pas davantage, car la promenade autour est assez courte, et il n’y a pas grand-chose d’autre à voir.


À quelques minutes à pied, nous faisons halte au sanctuaire Imamiya. Pour notre plus grand bonheur, il n’y a personne. Ce lieu, visiblement peu connu des touristes et en marge des sites les plus visités, nous reconnecte avec un Japon plus traditionnel et authentique, que nous préférons. Nous prenons notre temps, observons les détails et faisons plein de photos, notamment devant un cerisier en fleurs.
Nous terminons la journée en montant quelques marches jusqu’au sanctuaire Kenkun, niché au cœur d’un parc paisible. À notre arrivée, nous sommes surpris par la vue panoramique sur Kyoto et les montagnes, mais aussi par le calme absolu : nous sommes seuls. C’est pour nous un vrai coup de cœur. Clem tente même de poser quelques questions au prêtre, qui lui répond du mieux qu’il peut.



Il n’est que 16h30 et la météo prévue pour demain n’est pas encourageante, cependant beaucoup de lieux ferment à 17h et nous n’avons malheureusement pas le temps de nous y rendre avant la fermeture.
Il est encore trop tôt pour dîner, alors nous décidons d’aller à la gare pour réserver nos prochains billets de train. Rien de très palpitant, mais en sortant, la nuit est déjà tombée. Nous allons ensuite vers le temple Tō-ji pour voir sa pagode illuminée.
Pour le dîner, nous pensions avoir trouvé un bon restaurant, mais en arrivant, l’endroit nous donne une impression d’attrape-touristes. Nous cherchons une autre option, mais le suivant nous semble trop cher. Après près d’une heure de recherche, nous trouvons enfin de la place dans un tout petit restaurant.
L’espace est restreint, et tout le monde est assis autour d’une plaque chauffante, un teppanyaki. Les cuisinières préparent les commandes juste devant nous, ce qui est toujours plaisant à voir. Nous décidons de tester des plats typiques, comme l’okonomiyaki, une sorte de galette garnie d’ingrédients variés, finement découpés. Sans surprise, Mav n’est pas convaincu, mais Clem apprécie de découvrir de nouvelles saveurs. Ce restaurant était notre dernier espoir, et nous ne sommes vraiment pas déçus, nous avons passé un très bon moment convivial.

