Cherry 🍒

Article du 04 janvier 2025 au 28 janvier 2025

Une nouvelle expérience

Nous avons recommencé à travailler pour une courte période de 2 à 3 semaines. Cette fois, nous avons découvert le packing (emballage) des cerises.
Notre tâche est plutôt simple : trier les cerises et les emballer. Tous les matins, nous arrivons dans une grande salle réfrigérée à 10 degrés, puis nous prenons place sur une ligne de production.

Nous passons donc en moyenne un peu plus de 8 heures par jour à regarder défiler des millions de cerises. Chaque journée se ressemble, et le temps paraît long. Il est difficile de discuter avec nos collègues à cause du bruit assourdissant des machines, seule la musique nous occupe l’esprit.

Le travail n’est pas particulièrement physique, mais rester debout sans bouger pendant plusieurs heures provoque des douleurs dans le dos, et nous sommes soulagés lorsque la journée se termine. Malgré cela, nous essayons de travailler le plus possible pour maximiser notre salaire. Nous avons donc choisi de prendre nos jours de repos après 8 jours consécutifs de travail, ce qui nous permet d’atteindre facilement les 60 heures par semaine. Cela nous fait un peu regretter les 35 heures françaises ! Nous avons même fait une journée de 10 heures et demie, une première pour nous deux.

Tous ces efforts nous permettent de mettre de l’argent de côté et d’atteindre un équilibre financier presque parfait sur l’année écoulée. Une belle réussite, compte tenu de tout ce que nous avons vu et vécu d’extraordinaire.
Même si le van à décider de nous donner des sueurs froides au même moment.

Gandalf le capricieux

En effet, il y a déjà plusieurs mois, le voyant du niveau de liquide de refroidissement s’était allumé sur notre tableau de bord. Nous avions refait le niveau et avions été tranquilles un certain temps. Mais depuis plusieurs semaines, il faut en rajouter de plus en plus souvent. Nous profitons donc d’être installés dans la région pour quelques jours afin de faire vérifier tout cela au garage.

Lorsque Clem récupère le véhicule, les nouvelles ne sont pas très bonnes : le radiateur a une fuite et doit être remplacé. Malheureusement, il n’est pas facilement accessible, et la réparation peut prendre une à deux journées. Cela annonce d’avance des frais conséquents, puisqu’en plus de devoir payer les frais de réparations, nous pourrions payer une nuit d’hôtel. Mais nous n’avons pas le choix, il faut le faire.
Heureusement, quelques jours plus tard, l’opération se déroule sans encombre et est même terminée dans la journée.

Nous voilà désormais rassurés pour notre vieux compagnon… mais il n’en avait pas fini avec nous.
Seulement deux jours plus tard, alors que nous roulons, c’est le voyant des freins qui s’allume. Étrange. Nous vérifions le niveau du liquide de frein, qui est bon, et pensons alors à l’usure des plaquettes.
Mais deux jours après, c’est désormais le voyant de ceinture qui s’allume, alors que nous roulons avec nos ceintures bien bouclées, la sécurité avant tout !
Ne sachant plus quoi penser, nous retournons au garage, un peu à bout.

Heureusement, le mécanicien qui avait changé notre radiateur est présent. Il nous explique que cela peut être un simple problème de fusible et nous demande de repasser dans 15 minutes pour en savoir plus.
À notre retour, il nous annonce que tout est rentré dans l’ordre. En réalité, il n’avait pas remonté correctement les câbles reliés aux différents capteurs, ce qui avait transformé notre tableau de bord en véritable sapin de Noël.

Tout cela concernait la partie mécanique, mais nous avons également rencontré des difficultés avec notre système électrique et notre frigo.
Normalement, il nous suffit de rouler quelques minutes par jour pour recharger notre batterie secondaire. Comme nous roulions un peu chaque matin et chaque soir pour aller au travail, ce devrait être suffisant.
Mais la chaleur écrasante du mois de janvier a mis notre frigo à rude épreuve, poussant notre batterie à se vider bien plus vite que prévu.

Nous avons alors tenté plusieurs stratégies :

• Recharger tous nos appareils pendant nos heures de travail afin de laisser seulement le frigo branché sur la batterie.
• Nous garer à l’ombre autant que possible pour limiter l’exposition à la chaleur.
• Faire des détours en rentrant du travail pour recharger un peu plus la batterie.

Malgré tous ces efforts, notre système a parfois eu du mal à suivre.

Lorsque les températures sont redevenues plus clémentes, les choses sont progressivement revenues à la normale. Heureusement car nous n’avions pas envie de devoir acheter un nouveau frigo.

Surtout de nouvelles rencontres !

Comme mentionné précédemment, le travail est très monotone, et nous restons des humains. Il est donc parfois nécessaire de briser cette monotonie en faisant un peu n’importe quoi, ce qui amuse les autres et permet, petit à petit, de créer des liens.

Ainsi, certains trient les cerises en réalisant un dégradé de couleurs, tandis que d’autres les suspendait pour décorer notre espace de travail. La playlist partagée s’enrichit également des goûts musicaux de chacun, donnant lieu à des mélanges parfois surprenants. Après près de dix jours, nous nous sommes habitués au bruit ambiant et parvenons même à discuter. Mieux encore, nous nous lançons dans un téléphone arabe improvisé entre Espagnols, Allemands, Vietnamiens et Français, ce qui donne des résultats… intéressants mais surtout très drôle !

Une fois de plus, ce que nous retiendrons de cette expérience, ce sont les personnes avec qui nous l’avons partagée. Ces moments d’ennui, de rires, de dépressions nerveuses ont permis de créer des liens avec certains de nos collègues.
La veille de notre départ, nous les invitons chez « nous » pour prolonger ces bons moments. Après en avoir beaucoup parlé, nous décidons d’une soirée tortilla au bord de l’étang à faire des ricochets, et même en promesses un peu folles, comme celle de tous se retrouver en Allemagne pour l’Oktoberfest.

Anecdote

Un matin, alors que nous nous apprêtions à prendre la route pour aller travailler, des cris d’animaux retiennent notre attention. En sortant, nous assistons à une scène surprenante : sous nos yeux, une hermine attaque un lapin. Effrayée par notre arrivée, elle prend la fuite, laissant derrière elle le lapin, totalement tétanisé.

Jusqu’à présent, nous n’avions encore jamais vu d’hermine, et cette rencontre nous fait mieux comprendre pourquoi il y a des pièges disséminés un peu partout dans le pays.