Kiwi 🥝

Article du 15 avril 2024 au 21 avril 2024

Pas de tout repos

La découverte

Lundi matin 8h30, nous avons retrouvé les personnes qui étaient avec nous vendredi dernier quand nous avons signé nos contrats. Après le briefing de sécurité, nous avons récupéré nos sacs, enfilés des gants, et nous voilà parti direction les plantations.
Nous découvrons la ferme de kiwi, et comment elle est organisée pour rejoindre les deux rangées que nous devons cueillir aujourd’hui. Nous sommes 10, on nous explique que nous serons logiquement 5 par ligne, et que chaque groupe de 5 sera divisés en 2 sous-groupe avec deux cueilleurs qui se positionnent un peu plus en aval et trois en amont. Dès que les groupes de trois rattraperont les deux de devant, ces derniers ré-avanceront de quelques mètres pour recommencer à cueillir un peu plus loin, et ainsi de suite.

Nous commençons donc à ramasser les fruits avec ce plan d’attaque, en plaçant les kiwis dans le sac positionné devant nous et qui repose sur nos épaules. Une fois le sac rempli, il faut le vider dans des bennes dont la capacité est de plusieurs centaines de kilos. Dès qu’une caisse est remplie, nous passons à la suivante, etc.
Au fur et à mesure des premiers remplissages, des rôles sont attribués à certains cueilleurs. Dans chaque rangée, une personne est chargée de revenir régulièrement sur ses pas pour s’assurer qu’aucun fruit n’a été oublié. Il est muni d’un ruban dont il se sert pour visuellement délimiter la zone déjà vérifiée.

Dans le groupe, une personne est chargée de noter à la craie le numéro de la caisse en cours de remplissage, ainsi que la lettre qui correspond au groupe, pour comptabiliser le nombre de caisses remplies à la fin de la journée, puisque nous sommes payés à la productivité.

Nous recevons également des conseils pour apprendre à cueillir plus de kiwis en une seule fois pour gagner en efficacité, et également moins se fatiguer, tout en faisant attention à détacher les queues, car ces dernières risquent d’abîmer les fruits lors du transport.
Parfois, les branches des kiwis peuvent être très basses, ou certains kiwis peuvent se trouver assez haut, alors en fonction de où sont positionné les fruits, nous sommes amenés à changer de place sur les lignes. Cela permet aux grands de ne pas se casser le dos, et aux petits de ne pas être obligé de sauter pour les attraper.

Au bout de deux heures, nous avons un « smoko », que l’on peux traduire par une pause clope de 15 min payée. Nous en auront une deuxième en milieu de l’après-midi, ainsi qu’une pause-déjeuner, de 30 minutes, cette dernière non payée.

Les premières heures, nous sommes assez surpris de ne pas ressentir de douleurs corporelles. En effet, les sacs que nous portons, une fois pleins peuvent peser jusqu’à 25 kg. Nous trouvons cela assez facile et sommes contents car l’équipe managériale est sympa, et notre groupe aussi. Nous avons de la musique et commençons à discuter avec nos voisins de ligne.
Dans l’après-midi, lever les bras pour attraper les kiwis les plus hauts est de plus en plus compliqué, et nous remplissons de moins en moins nos sacs, car il se fait de plus en plus lourd.
Comme c’est le premier jour, nous n’arrivons évidemment pas à être assez productifs pour être payé au salaire minimum. Le manager nous avait prévenu, c’est le cas pour tous les nouveaux. Ce n’est pas trop grave pour nous car il est dans l’obligation de compléter l’écart pour que nous puissions atteindre les 23,15$/h, mais cela représente une perte pour lui donc nous nous devons de faire mieux demain.
La journée finie, nous nous rendons vraiment compte des douleurs qui commencent à s’intensifier, et nous allons à l’essentiel. Douche, repas, vaisselle, et pour Mav massage des épaules avec du baume du tigre pour aider à détendre les muscles, pas habitué à être autant sollicités.
Nous appréhendons le lendemain, car nous savons maintenant ce qui nous attend, et nous le savons d’avance, recommencer avec les douleurs musculaires, ne va pas être facile.

Ça fait mal

Sans surprise, la journée de mardi n’est pas facile, surtout pour Mav qui, en fin de journée, a des douleurs dans tout le corps. La fatigue commence à se faire ressentir et rend chaque mouvement compliqué. La concentration baisse et l’efficacité avec, à tel point qu’en essayant d’attraper un kiwi en hauteur, Mav n’arrive pas à le rattraper, et il tombe sur son nez. La douleur, normalement pas atroce mais combinée avec l’épuisement qui s’installe, lui donne cependant envie de pleurer.
Nous avons cependant été meilleurs ce deuxième jour et avons réussi à dépasser le salaire minimum ce qui nous réjouis !

Se doucher, manger et faire la vaisselle semblent être des tâches tellement difficiles que nous aimerions ne pas avoir à les faire.
Dans la soirée, Mav reçoit un appel qui du manager qui lui redonne de l’énergie. En effet, il lui demande de devenir superviseur dès demain, car il y a une place vacante. Ce poste sera moins demandant physiquement et lui offrira un salaire horaire fixe. Comme vous vous en doutez, elle accepte immédiatement, soulagée de ne plus avoir à porter ce sac de malheur. Cela lui permettra de travailler tous les jours et sur le long terme, contrairement à la cueillette qu’elle n’envisageait pas de faire quotidiennement. Clem a lui aussi beaucoup de douleurs, mais il se sent capable de retourner le lendemain récolter des kiwis.
Étrangement, nous ne nous endormons pas facilement. Nous avons l’impression que nous mettons plusieurs minutes à nous endormir, car notre corps est tellement crispé qu’il a du mal à se détendre.

Prendre nos marques

Le lendemain, en tant que superviseur, Mav doit arriver 30 min avant les cueilleurs, car il y a une réunion de crise. En effet, hier des auditeurs des entrepôts de conditionnement sont venus contrôler la qualité des kiwis ramassés, et les caisses vérifiées n’ont pas passé les critères des auditeurs. C’est un problème pour l’entreprise qui nous emploie car elle doit payer une pénalité de 4$ par caisse.
Alors, les managers ont décidé d’équiper les sacs de « bavoir » pour éviter le « rain picking », technique qui consiste à faire tomber les fruits directement dans le sac en le positionnant dessous, sans baisser les mains. Cela permet d’augmenter le rendement, mais a pour inconvénient d’endommager grandement les kiwis à cause de la violence du choc. Le superviseur est là pour s’assurer que dans son équipe cela ne se reproduise pas.
Mav sera avec le même groupe que depuis deux jours, mais cette fois-ci près des caisses, pour surveiller que les caisses de kiwi envoyées aux entreprises de conditionnement soient de bonne qualité. C’est à dire que les tiges des kiwis soient bien enlevées, qu’il n’y a pas de fruits abîmés ou pourris, qu’il n’y ai pas de feuilles, qu’il n’y ait pas trop de kiwi par terre, et qu’aucun fruit ne soit oublié. En bref, que la rapidité du cueillage ne sois pas au détriment de la qualité du fruit qui sera envoyé pour être emballé. Mais également d’orienter l’équipe dans le verger, de demander des caisses supplémentaires aux tracteurs, ou encore de motiver les cueilleurs pour s’assurer qu’ils soient le plus productif possible.
Même si les tâches sont encore physiques, car il faut constamment se baisser pour vérifier les fruits dans les caisses, elles le sont tout de même moins qu’en étant cueilleurs. À la fin de la journée, les douleurs sont passées des épaules, au bas du dos, mais sont moins intenses que la veille.
Clem, lui n’a étonnamment pas si mal que ça. En fin de journée, ce n’est bien sûr pas agréable, mais son corps s’est bien habitué et il se sent de faire ça tous les jours.
La journée a été très longue, car nous avons travaillé respectivement 11h pour Mav et 10h pour Clem. De plus, l’équipe n’était pas au complet et en étant seulement 7, nous avançons bien moins vite, ce qui est démotivant.

Notre nouveau quotidien

La fin de semaine se termine au même rythme qu’elle a commencé. En travaillant toute la journée et en se douchant puis mangeant le plus rapidement pour aller dormir le plus vite, sans oublier tout de même la séance massage pour Mav.
Ce rythme est très monotone et nous allons certainement arrêter d’écrire des articles hebdomadaire pour cette période. En effet, nous estimons que vous raconter nos journées de travail qui vont toutes se ressembler n’est pas très intéressant.

Nos jours de repos coïncident avec le week-end, car il pleut samedi et dimanche et nous ne travaillons pas les jours de pluie, car les fruits doivent être récoltés secs. Sans surprise, nous ne faisons pas grand chose, courses, machines à laver et surtout du REPOS.

Le Kiwifruit picking, notre ressenti

Ce qui est certain, c’est que l’on a tous les deux jamais fait un travail aussi dur. Nous qui sommes plutôt habitués à être assis 8h par jour devant un ordinateur, ce travail agricole nous change de nos habitudes.
Nous avons tout de même décidé de continuer pour normalement encore 1 bon mois. En effet, comparé à l’expérience de Jérémie, nous nous sentons chanceux. L’équipe managériale est vraiment gentille et honnête. Ils nous remercient constamment, car ils savent à quel point le travail est demandant, s’assurent que nous comptions bien notre nombre de caisses remplies pour être payé en conséquence, nous autorisent la musique, nous amènent de l’eau quand les journées sont longues. Bien sûr, ce n’est pas totalement désintéressé, ils savent que la gentillesse fidélise et motive, mais ce n’est pas pour autant que ce n’est pas apprécié. De plus, les autres membres de l’équipe sont vraiment sympas, et même si nous sommes tous là pour l’argent, il n’y a de méchanceté ou de compétition entre le plus rapide et le plus lent.

Sortie de la semaine

Vendredi soir, certains d’entre nous se sont même rejoints pour boire un verre et apprendre à mieux se connaître. Nous avons passé la soirée avec un argentin, un brésilien et un japonais, à discuter des différences entre nos pays, les motivations qui nous ont poussé à être en Nouvelle-Zélande, etc. C’était vraiment super sympa et nous avons tous passé un bon moment !

Anecdote de la semaine

Le Japonais avec qui nous avons passé la soirée était pompette après une seule bière. Il a dû boire 3 verres d’eau, et a même dormi 5h dans sa voiture avant de reprendre la route. La situation était vraiment drôle, tout en étant improbable, car nous n’avons jamais vu une bière avoir un effet aussi fort sur quelqu’un.

P.S. : quasi aucune photo cette semaine, car nous n’avons tout simplement pas le temps. Dès que nous arrivons à la plantation, nous nous dépêchons d’aller au verger pour cueillir, puis dès que la journée est finie, nous nous dépêchons de rentrer au camping pour dormir.

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Commentaire(s) à propos de "Kiwi 🥝"

  • Victor le 25/04/2024 23:40

    Ah bah, depuis le temps que vous nous parliez de ces fameux kiwi, ça y est, vous y êtes! On est content pour vous. C’est une sacré nouvelle expérience qui, pour sûr, vous met à rude épreuve car très loins des activités professionnelles que vous avez connu jusqu’à présent mais également qui arrive après plusieurs mois de vie à un rythme complètement différent de celui d’un travail quotidien.
    J’espère que vous allez vous adapter à ce rythme exigeant. En tout cas, c’est déjà une très bonne chose que d’avoir des managers aussi bienveillants par rapport à la difficulté de vos tâches. Aussi, encore une fois, c’est génial car grâce au ramassage des kiwis, vous rencontrez de nouvelles personnes venus des 4 coins du monde avec qui vous pouvez échanger pleins d’anecdoctes et d’expériences.

  • VIDAUD Nathalie le 28/04/2024 10:01

    Très beaux descriptifs qui nous mettent dans les différentes ambiances : la fierté d avoir décrocher un job, la dureté des tâches répétitives imposées pour boucler une journée.
    Félicitations et respect.
    Belles suites d aventures.
    Nathalie

  • Gisèle le 03/05/2024 13:56

    Est ce que vous le droit de manger les kiwis pour les vitamines et
    un peu de force?
    Allez courage vous allez d’autant apprécier quand vous ferez du travail moins physique.

    • Clem le 06/05/2024 12:19

      Théoriquement non, mais cela arrive que certains soit oubliez alors nous pouvons les garder 😊